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Lutte sociale et des syndicats en Bolivie

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Les luttes sociales en Bolivie présentent deux particularités : elles s’appuient sur des structures traditionnelles datant de l’époque préhispanique, et elles ont en général un cadre institutionnel (n’oublions pas que le président, Evo Morales, est lui-même arrivé au pouvoir par le syndicalisme, et qu’il exerce toujours des responsabilités dans ce cadre)

Avancées sociales
La Bolivie va plutôt bien socialement depuis l’arrivée du MAS (Movimiento al socialismo) au pouvoir en 2006 : les salaires augmentent régulièrement et significativement, l’âge de la retraite a été baissé, les petits agriculteurs (majoritaires dans ce pays rural) reçoivent des aides très substantielles en matériel et en formation de la part de l’état. Ces progrès s’appuient en sur les syndicats et « communautés ».

Les « communautés » boliviennes
Elles sont aussi appelées ayllus, d’après un terme quechua (la langue des Incas). Elles sont un exemple de démocratie directe, et impliquent une possession communautaire (par ethnies ou par familles) des terres et des moyens de production. Les décisions concernant en particulier l’usage et la distribution des terres, ainsi que les voies de communication, mais aussi l’installation de dispensaires ou d’écoles, sont prises par l’ensemble de la communauté. Ce système, loin de péricliter comme dans d’autres pays andins, est favorisé par le pouvoir en place, et les ayllus sont regroupés au sein de la désormais puissante CONAMAQ, qui présente directement au gouvernement les revendications populaires. Read More

La Commune de Paris : un phénomène historique violent, complexe, contradictoire et controversé

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La guerre franco-allemande de 1870 se termine par le siège de Paris et la victoire des allemands qui défilent dans la capitale le 1er mars 1871. L’assemblée s’installe à Versailles, ville des rois de France et de la victoire allemande, véritable provocation à l’égard des parisiens. Thiers, chef du pouvoir exécutif signe les préliminaires de la Paix avec la perte de l’Alsace-Moselle et une indemnité de 5 milliards.

Le 18 mars, la tentative du gouvernement de Thiers de reprendre les deux-cent-vingt-sept canons de la garde nationale, achetés par souscription, échoue et aboutit à l’élection d’un Conseil Général de la Commune de Paris composé principalement de radicaux, de blanquistes, de socialistes et qui se considère comme le gouvernement légal du pays.

La Commune a un double caractère, à la fois patriotique et révolutionnaire, conséquence des rigueurs du siège, du froid et de la faim, mais aussi d’un sentiment de trahison et d’humiliation devant une défaite considérée comme imméritée. Read More

Luttes de classes dans les campagnes briardes, 1906-1907

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Comment imaginer aujourd’hui que les vastes champs et fermes de Brie furent le théâtre de luttes sociales de grande ampleur. C’était au début du siècle dernier.

Dans un ouvrage publié en 1971 et intitulé « Les luttes de classes dans les campagnes », Philippe Gratton, chercheur au CNRS, retrace le déroulement et analyse les conséquences des mouvements sociaux qui ont traversé la France agricole des années 1890-1910. La Seine-et-Marne fut l’un des foyers d’agitation important, le plus connu demeurant celui du Midi viticole.

Rappelons le contexte. Au tournant des XIXe et XXe siècles, la population des ouvriers de la terre en Seine-et-Marne est importante. Une statistique de 1892 dénombre, pour le seul département, 37 500 ouvriers et ouvrières agricoles, 18 591 journaliers et tâcherons et 16 800 domestiques (Gratton 1971, p. 245). Ces catégories sociales vivent misérablement. La pénibilité du travail est extrême : 20 heures de travail durant les moissons, et pas moins de 13 heures pour les domestiques durant toute l’année. Les logements sont malsains et les servitudes morales vis-à-vis des employeurs monnaie courante.

En mars 1906, une grève éclate chez les ouvriers agricoles. Elle se propage rapidement de Gonesse au canton de Claye-Souilly. Durant le mois de mai, ce sont les communes du plateau du Multien qui voient les employés des grandes exploitations (ouvriers, journaliers et tâcherons, domestiques) entrer dans le mouvement. Le mode opératoire de la grève est toujours le même : « cessation totale du travail, les meilleurs ouvriers vont trouver les patrons pour exposer les motifs du conflit […] durant les discussions d’autres ouvriers partent débaucher des camarades du village voisin » (Gratton 1971, p. 248). Après quelques jours de conflits, les ouvriers obtiennent généralement des résultats sur les salaires ou le temps de travail. Mais, ce qui est le plus spectaculaire à cette période est la structuration du mouvement syndical. Une rupture s’opère avec les soulèvements spontanés des années 1890. À l’instar de ce qui passe en France, les ouvriers agricoles se syndicalisent massivement. Dans les départements agricoles de la Brie (Seine-et-Marne, Aisne, Oise), la CGT compte 5 500 ouvriers agricoles dans ses rangs. Les grèves ont également des répercutions au sein des partis politiques de gauche. Des délégations d’ouvriers rencontrent les élus et leur font part de leurs revendications. Les réponses proposées divergent (plus ou moins d’interventionnisme de l’État, plus ou moins de spécificités reconnues à la question agricole).

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