France

Ils font notre grève…

La grève de la SNCF va bien au-delà de ce qui peut apparaître comme un mouvement de revendication propre à une catégorie de salariés. Chacun de nous a bien conscience qu’en défendant leur statut, c’est le principe même d’un statut quel qu’il soit que les cheminots s’efforcent de préserver et donc l’existence même du statut de la fonction publique. Plus de statut, plus de fonctionnaires, plus de fonction publique. Outre la légitimité de leur action, c’est tout un pan de notre organisation sociale qu’ils défendent. Ils font notre grève.

Comment les soutenir ? C’est la question que chaque citoyen attaché aux valeurs républicaines devrait se poser puisque l’on sait bien que l’aide financière ne pourra suffire. Comment contrebalancer l’influence démobilisatrice des médias qui montrent encore une fois leur servilité constitutive envers un pouvoir de moins en moins légitime ? La réponse renvoie à notre perception individuelle de l’urgence sociale. En fait tous les moyens non violents sont bons. Faire signer des pétitions, se renseigner via les réseaux sociaux, écrire et agir dans nos organisations syndicales, politiques, associatives, se déplacer pour soutenir moralement et financièrement tous les camarades en grève, participer aux manifestations …A chacun de dépasser le sentiment de frustration et d’impuissance qui peut nous saisir devant une télévision formatée et de trouver sa place et  prendre sa responsabilité dans un moment  crucial du rapport de forces. 

Nous devons agir en gardant  à l’esprit les grandes caractéristiques de la période : le capitalisme financiarisé se comporte comme un prédateur blessé. Il est empêtré dans ses propres contradictions qui n’en finissent pas de produire des crises bancaires, des crises humanitaires et des inégalités indécentes. A l’image d’un Macron qui semble confondre une église avec une bourse du travail, l’oligarchie affiche ouvertement son mépris des salariés que ce soit dans  la fonction publique, le monde syndical et l’université. Elle a uniquement le besoin urgent, vital pour elle, de conquérir de nouvelles proies que sont les marchés juteux, du transport, de l’éducation et de la santé. Utilisant la dette comme prétexte, l’Union Européenne comme cadre juridique, et l’extrême droite comme allié objectif, elle est prête à toutes les trahisons pour arriver à ses fins. Soyons sûrs qu’elle ne s’arrêtera pas en si bon chemin. Il faut la stopper le plus tôt possible avant que le démantèlement  de notre modèle social n’ait pris une forme irréversible.

 L’équipe de Tapage


Illustration : Christine Lesueur – Iconovox